N o m b r e D e M e s s a g e s : 1371 Â g e : 41 H u m e u r : Fluctuat nec mergitur G r o u p e ( s ) : Modo et ravie de l'être mais accessoirement mangemort D a t e D ' i n s c r i p t i o n : 17/07/2008
La Pensine Rp en cours : Relations : Les Gallions: 126480
Sujet: Mon venin Ven 28 Nov - 15:11
Trouvant que le message que j'ai posté dans les coups de gueule était finalement totalement déplacé, je préfère le mettre ici. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je crois justement que j'ai besoin de cracher mon venin quelque part pour m'en soulager d'une partie alors je le mets ici :
Cette fois, je ne peux pas dire que je suis en colère, c'est plus de la rage et de la peine. Ce qui m'arrive est finalement dans l'ordre normal des choses, c'est la nature, mais c'est vraiment dur à avaler. Ma grand-mère est en train de mourir. Je ne suis pas en colère contre la mort elle même. J'ai déjà réglé mes comptes avec elle, c'est plus ou moins normal. Quand on est enfant, on est programmé à savoir que nos grands-parents vont mourir. Ce qui me dérange, c'est la façon dont elle se meure. Un cancer et probablement le pire qu'il puisse y avoir. C'est son 4ème et jusque là, elle s'était relevée mais cette fois, c'est vraiment grave. Ils appellent ses métastases des "lâchers de ballons". Ça veut seulement dire qu'il y en a partout. Les siennes sont localisées surtout dans les poumons mais aussi dans les os. Les effets sont donc des douleurs permanentes dans tout le corps et à long terme une intensification de cette douleur et des problèmes pour respirer. Conclusion, elle va se voir mourir à petit feu dans d'atroces souffrances.
Comment peut-on accepter cette forme de mort ? Comment fait-on pour supporter de voir souffrir à ce point quelqu'un qu'on aime ? Dans ma famille, on a mis en place le matriarcat alors ma grand-mère est un peu le pilier de ma famille. Avec elle, c'est toute une unité qui se dissout. Moi, ma grand-mère je l'ai toujours vue autrement que comme une vieille dame. C'est un peu ma deuxième mère. Elle a toujours été là, elle m'a toujours tendu la main pour tout, elle a été l'une des premières à prendre ma copine dans ses bras en lui souhaitant bienvenue dans la famille. Ma grand-mère, c'est la représentante de mon pays.
Alors le fait qu'elle s'en aille, ça signifie un peu une perte d'une partie de moi. Et ce qui me fait le plus peur, c'est que je ne sais pas du tout ce qui va se passer après. Qui va partir ? Mon grand-père, c'est certain. On sait toutes qu'il va se laisser mourir de chagrin. Ce qui fait que la prochaine, ce sera ma mère et après ... et ben ce sera moi. Alors oui, c'est un peu égoïste mais sa mort me fait peur parce que ça rapproche un peu ma propre mort. Et je refuse cette notion. Le pire, c'est que je sais que dans mes gènes, j'ai celui du cancer. Alors est-ce que je vais mourir aussi douloureusement ? Ça me terrifie. Je ne parviens pas à être rationnelle en ce moment, je me sens une petite fille qui voit son monde partir en morceaux. On me demande de soutenir les autres mais j'ai déjà du mal à me soutenir moi même. Alors je me retiens mais je me dis que si je ne relâche pas la pression maintenant, quand la coupe sera pleine, je vais avoir un choc. A partir de combien de larmes peut-on dire qu'on s'est assez vidée ? Au moins pour le moment ?
Je n'arrive pas à avancer, je n'ai plus envie de rien. J'ai probablement atteint la 4ème phase du deuil mais je ne vois pas comment je pourrais arriver au 5ème. Je ne veux pas. La seule chose que je suis capable de faire c'est passer mon temps au téléphone ou dans ma famille. Une terrible idée m'obsède : est-ce que je vais rester les bras croisés à attendre qu'elle meure en se tordant de douleur ? Est-ce que je ne peux rien faire pour l'aider ? Et l'horrible vérité est là : oui j'ai quelque chose à faire. Mais est-ce que j'en serais capable ? Est-ce que j'arriverais à continuer à vivre avec ? Est-ce qu'elle acceptera ? J'ai peur que oui. J'ai peur qu'elle n'ait pas le choix.
J'essaye de continuer à faire comme si tout était normal. Je fais ce que je fais tous les jours mais le gout est différent, un peu plus fade. Les rares fois où je ris, j'ai mal au coeur en me disant que toutes ces futilités ne changeront rien. Chaque fois que je l'ai au téléphone, je me dis que c'est une des dernières fois et quand je la vois, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle n'est finalement qu'une future morte. Je me déteste d'en arriver là mais je ne sais pas comment m'en empêcher. Je sais pertinemment que j'ai au moins la chance de pouvoir anticiper et de profiter des derniers instants mais ils n'ont plus le même gout. Ils sont teintés de noir même si je joue la comédie de l'ignorance.
J'y vais tout à l'heure et je sais que je vais avoir mal au cœur de la voir aussi affaiblie. Elle aura encore maigri, ses traits seront encore plus tirés et le signe fatidique : elle n'aura rien préparé, elle n'aura pas eu la force. Je me fiche qu'elle ait fait des gâteaux ou quoi que ce soit d'autre, c'est qu'elle n'ait pas eu la force de le faire. Je vais devoir faire attention de ne pas pleurer parce que ça n'aiderait personne.
Alors je pousse un immense coup de gueule contre cette saloperie de nature. Quitte à la faire partir, il aurait mieux valu que ce soit son cœur qui lâche ... Si vraiment il existe un Dieu ( ce dont je doute fortement ), je le maudis !
Tania Némésis Conservateur
N o m b r e D e M e s s a g e s : 1371 Â g e : 41 H u m e u r : Fluctuat nec mergitur G r o u p e ( s ) : Modo et ravie de l'être mais accessoirement mangemort D a t e D ' i n s c r i p t i o n : 17/07/2008
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Sujet: Re: Mon venin Ven 28 Nov - 15:13
Un ave maria, chanté par une maria, destinée à une autre maria. Ma Maria
Tu as toujours été si forte, tu as accepté tant de choses, ton cœur est si grand, l'amour que tu nous donnes est si fort ... que toute cette horreur est totalement injuste. Je savais depuis toujours que tu allais partir mais je le voyais comme une éventualité trop abstraite pour qu'elle puisse venir changer quoi que ce soit. Mais aujourd'hui nous savons toutes que cette fois, l'abstrait devient malheureusement concret et que bientôt tu vas partir.
Tu es l'Espagne à toi toute seule. Dès qu'on te voit, on comprend à quel point tu as toujours été tiraillée entre tes deux pays. Nous savons que sans nous, tu serais retournée au soleil de Grenade mais c'est encore une preuve de ton amour : tu refuses de rester loin de nous plus de quelques semaines. C'est avec toi que j'ai compris ce que veut dire « L'amour de sa famille ». Tu as failli mourir là bas mais ta volonté a du être plus forte que ton cœur, et tu es revenue pour nous voir avant. C'est probablement cet amour qui a sauvé ta vie cette fois là.
Mais aujourd'hui, nous sommes impuissantes face à ta souffrance. C'est tellement dur de te voir si forte. Tu ne t'es pas écroulée, tu t'es résignée et c'est même toi qui prend soin d'Antonio et de toutes tes filles. Tu es si forte. Comment as-tu fait pour accepter cette horreur et continuer en disant de ne pas y penser pour ne pas gâcher le peu de temps qu'il nous reste ? Comment as-tu fais pour rester droite, si altière, si belle ... ?
Moi, je ne peux pas. Je sens en moi une colère qui ne s'arrête jamais. J'ai envie de hurler en permanence même si je sais que ça ne sert à rien. Je ne peux rien faire d'autre que venir te voir le plus souvent possible pour pouvoir me dire quand il sera l'heure, que je n'ai rien à regretter, que je n'aurais pas pu faire plus, que j'ai profité des moments avec toi jusqu'au bout.
Mais quelque part, c'est faux. Je me retiens de pleurer chaque fois que nous en parlons toi et moi. Mais je suis sure que tu vois mes yeux rougir. Et c'est pour ça que tu me sers ainsi contre toi, comme quand j'étais enfant. Comment pourrais-je continuer comme avant alors qu'une partie de moi s'en va avec toi ?
Tu as toujours été là pour moi, tu m'as toujours tendu la main, tes bras ont toujours été réconfortants même quand j'étais au plus mal. Tu n'as jamais perdu espoir pour moi et je sais que si je suis encore là aujourd'hui, c'est aussi grâce à toi. Je t'aime tant.
Je ne veux pas penser à demain. Qui sait si tu seras encore là ? Je vois bien que ta respiration se fait plus difficile, que tu maigris à force de ne pas pouvoir manger, que ton visage est marqué par cette fatigue incessante et je dois accepter de ne rien pouvoir faire. Mais je le refuse !
Je ne veux pas garder cette image de toi. Je préfère me dire que tu es cette femme au teint mat, qui rit en permanence à cause des bêtises qu'elle raconte, cette femme qui dirige sa tribu d'une main de maitre. Cette femme qui est capable d'ouvrir sa porte à des étrangers qui en ont besoin ( même si je t'ai dit cent fois que tu es folle ). Cette femme qui m'a appris à cuisiner en ne cessant de me répéter les mêmes ordres que j'accepte avec plaisir : Mira o Calla o Sienta te !! Cette femme qui m'a toujours dit que j'étais chez moi dans sa maison. Cette femme qui fut l'une des premières à tenir ma propre femme dans ses bras et qui l'a adoptée. Cette femme qui ne m'en a pas voulu quand j'étais la pire ... Cette femme que je n'ai jamais vu pleurer parce qu'elle doit probablement se cacher pour le faire dans l'espoir de ne pas nous inquiéter. Cette femme dont le parfum est si agréable que je ne pourrais jamais l'oublier.
Cette femme que j'aime plus que tout et que je ne peux pas sauver. Je t'aurais donné un rein, un poumon, tout ce que tu aurais accepté si ça avait suffit mais le cancer est bien trop étendu pour pouvoir faire quoi que ce soit. Je me demanderais toujours ce qui se serait passé si vous n'étiez pas partis cette année et si tu avais passé des examens plus tôt. Et si ça n'avait rien changé, tu aurais perdu la dernière occasion de profiter de ton pays. Alors peut être qu'il ne faut rien regretter et que ça ne pouvait pas être évité. De toutes façons, on ne le saura jamais.
Qu'est ce que je vais devenir quand tu ne seras plus là ? A moitié orpheline, ayant perdu une partie de sa culture et sans aucun doute assommée par un chagrin que je sais déjà ne pas pouvoir gérer aussi bien que toi. Comment peut-on se préparer à perdre quelqu'un ? Moi je ne crois pas à ces histoires de vie après la mort alors pour moi te perdre ici équivaut à te perdre pour toujours. Je vois bien que les autres sont réconfortées par l'idée qu'elles te retrouveront après leur mort. C'est certainement très rassurant mais c'est une échappatoire que je ne peux pas exploiter. Moi je n'ai plus que quelques mois avec toi, peut être même seulement quelques semaines. Alors je sais que chaque fois que je te vois est peut être la dernière et que personne ne sait quand tu vas partir mais j'ai juste l'espoir que tu pourras passer au moins Noël avec nous et peut être avec beaucoup de chance ton anniversaire, mais je ne me fais pas d'illusions ...
J'ai compris que c'était grave quand tu as commencé à nous parler d'incinération et de jeter les cendres là bas, dans la mer, chez toi. Mais où est-ce que je vais pouvoir aller pour me recueillir ? Seulement j'ai compris que c'était dans mon cœur que je pourrais te retrouver. Ton corps ne sera peut être plus là mais j'aurais toujours ton rire, ton sourire, ta voix dans mon cœur et tu ne disparaitra pas puisque je ne t'oublierais jamais.
Et finalement je commence à comprendre Antonio. Il nous a dit à demis mots hier qu'il préfèrerait partir avant toi plutôt que de rester tout seul. C'est vrai que ça doit être encore plus dur pour lui. Vous vous fréquentez depuis bientôt 70 ans alors je pense que vous en êtes arrivés au stade où chacun de vous est le double de l'autre et que vous ne vivez que grâce à cette moitié de vous qui vous soutient, vous aime et s'occupe de vous. Je l'ai vu se laisser dépérir quand tu étais à l'hôpital. Il ne mangeait plus et ne s'habillait que parce qu'il venait te voir. Mais si tu n'es plus là, qu'est ce qu'il va devenir ? Il va se laisser mourir de chagrin et je ne sais pas si je ne ferais pas la même chose à sa place. Je pense qu'on a beau aimer ses enfants, quand l'amour de sa vie, la personne qui est là, avec vous depuis 70 ans, qui a accepté de quitter sa famille, ses amis, son pays pour vous suivre, meurt, la vie n'a plus aucun sens. Est-ce que le mieux ne serait pas que vous vous en alliez tous les deux, ensemble ?
Le mieux pour vous mais pour nous, je pense que ce sera encore plus terrible. Mais si ça nous évite de le voir s'effondrer de chagrin, alors peut être que ce serait mieux.
Les larmes ne me gênent plus, la honte passe à un plan si lointain que je me demande comment elle a pu un jour avoir une place dans ma vie. Le temps ne semble plus le même : il passe beaucoup trop vite et alors que j'étais avec toi hier, j'ai l'impression que c'était il y a des jours et des jours. Mais je reviens demain. Et cette fois avec Antonia. Sauf que je sais que tu seras bien plus honnête avec elle et que je vais devoir affronter d'entendre la réalité : tu te meurs à petit feu et les seuls soins que nous pouvons t'apporter sont palliatifs.
Cela fait presque une heure que je cherche des mots qui ne viennent pas. Une solution, un exutoire, n'importe quoi pour diminuer cette boule au fond de mon ventre et dans ma poitrine. J'essaye désespérément de me réfugier dans un monde illusoire mais je ne parviens qu'à retarder de quelques minutes le flot de douleur qui ressurgira dès que je reprendrais ma vraie place. Tout le monde dit que pleurer libère mais c'est faux, ça n'apporte rien de plus qu'un répit pendant lequel toute la colère passe au second plan. Mais dès qu'on s'arrête, elle revient mordante et envahissante.
Tu es comme ma propre mère et je voudrais revenir en arrière pour changer tant de choses, profiter de beaucoup plus de moments et te dire tant de choses que je ne veux pas te dire aujourd'hui parce que ça voudrait dire adieu.
Alors je les dis ici, en espérant que ma culpabilité diminuera un peu : je t'aime et je suis heureuse que tu ais été dans ma vie. Tu m'as appris à être une femme et tu m'as donné tant que je ne sais pas si j'arriverais à faire aussi bien. Tu es un peu le modèle que je veux suivre, je veux vieillir comme toi, aimer comme toi et vivre comme toi. Je t'admire d'avoir tant de force malgré les épreuves et je suis fière que ton sang coule dans mes veines. Je te promets de profiter d'une vie que tu vas quitter.
Te quiero abuelita.
Tania Némésis Conservateur
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Sujet: Re: Mon venin Ven 23 Jan - 14:36
La Mamma
Ils sont venus Ils sont tous là Dès qu'ils ont entendu ce cri Elle va mourir, la mamma Ils sont venus Ils sont tous là Même ceux du sud de l'Italie Y a même Giorgio, le fils maudit Avec des présents plein les bras Tous les enfants jouent en silence Autour du lit ou sur le carreau Mais leurs jeux n'ont pas d'importance C'est un peu leurs derniers cadeaux A la mamma
On la réchauffe de baisers On lui remonte ses oreillers Elle va mourir, la mamma Sainte Marie pleine de grâces Dont la statue est sur la place Bien sûr vous lui tendez les bras En lui chantant Ave Maria Ave Maria Y a tant d'amour, de souvenirs Autour de toi, toi la mamma Y a tant de larmes et de sourires A travers toi, toi la mamma
Et tous les hommes ont eu si chaud Sur les chemins de grand soleil Elle va mourir, la mamma Qu'ils boivent frais le vin nouveau Le bon vin de la bonne treille Tandis que s'entrassent pêle-mêle Sur les bancs, foulards et chapeaux C'est drôle on ne se sent pas triste Près du grand lit et de l'affection Y a même un oncle guitariste Qui joue en faisant attention A la mamma
Et les femmes se souvenant Des chansons tristes des veillées Elle va mourir, la mamma Tout doucement, les yeux fermés Chantent comme on berce un enfant Aprés une bonne journée Pour qu'il sourie en s'endormant Ave Maria Y a tant d'amour, de souvenirs Autour de toi, toi la mamma Y a tant de larmes et de sourires A travers toi, toi la mamma Que jamais, jamais, jamais Tu nous quitteras...
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Sujet: Re: Mon venin
Mon venin
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