Titre : Vivons heureux, vivons caché.
Remarque : Juste pour dire que les noms des Maraudeurs sont en anglais.
Donc, Wormtail = Queudver ; Moony = Lunard ; Padfoot = Patmol et Prongs = Cornedrue. Voilà tout.
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Le vent faisait plier les arbres alentours, la mer se déchaînait à ses pieds. Son écharpe voletait autour de lui et ses cheveux lui retombaient dans les yeux. Mais lui, lui, il se dressait au milieu de la fureur des éléments. Il n’entendait rien, semblait en transe. Il regardait l’eau qui se pressait furieusement au pied de la falaise, semblant vouloir la briser sous son assaut. Et lui il regardait. Il regardait avec l’air détaché des condamnés. Il allait mourir de toute façon. Par Voldemort ou par les Maraudeurs mais il allait être tué. Il soupire et hoche de la tête. Oui. Il allait mourir. Il baisse la tête vers les flots enragés qui lèchent le bas de la falaise. On allait le tuer. Et si…Et s’il ne leur en laissait pas le loisir ? Et s’il se tuait en un sursaut de courage incongru ? Un sourire amer se dessine sur ses lèvres. Lui courageux ? Un ricanement tranche l’air comme un couteau affûté. Il secoue la tête. Il doit faire un choix. Mourir maintenant ou mourir plus tard ? Mourir maintenant dans l’honneur ou bien plus tard en tant que traître ?
Il a envie de vivre…
Son regard est vide, il scrute le visage du jeune Harry. Coupable. Lily et James se chamaillent devant l’âtre de la cheminée comme les deux bienheureux qu’ils sont. Ils savent qu’ils ont la vie devant eux pour s’aimer et chérir leur rejeton surnommé affectueusement par son parrain « Le briseur de tympan ». Sirius fait tourner Harry dans les airs en riant. Lui aussi est heureux, tout comme Remus qui rit à gorge déployée, blotti dans un des fauteuils du salon. Ils sont tous heureux, tous. Tous sauf lui. Parce que lui, il sait que les choses vont bientôt se briser et que ce sera de sa faute. Parce que lui, il sait que pour survivre il va briser le bonheur de ses amis, de ses protecteurs. Sa gorge se serre en voyant le bout d’chou s’avancer vers lui d’un pas titubant. Il marche depuis peu de temps mais il le fait déjà très bien. Les yeux verts obtenus de sa mère se teintent de joie quand il se penche vers lui pour lui ébouriffer les cheveux un peu plus qu’ils ne le sont déjà. Peter sourit à ses amis, l’air absent. Il sait que Padfoot, Moony et Prongs se font du souci à son sujet. Bien sûr qu’ils s’en font ! Ce sont de vrais amis eux… Les yeux de Wormtail se voilent. Il pense à Remus. Il va se retrouver seul après ce soir. James va mourir, Sirius sera emprisonné, et lui…lui il sera mort pour l’ensemble de la communauté sorcière. Mort mais vivant. Enfin… Une larme glisse sur sa joue. Prongs fronce les sourcils et Harry semble sur le point de pleurer, lui aussi.
Harry ressemble à un chaton, pense-t-il brièvement.
Et les chatons, en grandissant, finissent toujours par manger deux ou trois rats. Du moins…S’ils survivent.Wormtail se lève brusquement et part en claquant la porte. Tout ce bonheur lui donne la nausée. Il était Gryffondor ! Il n’avait pas le droit de tourner mal ! Et pourtant…
Personne ne cherche à rattraper l’être à l’âme torturée qu’est devenu Peter. Harry part se réfugier dans les bras du loup-garou qui le serre doucement dans ses bras.
« Pete est bizarre en ce moment », commence Lily.
« J’m’inquiète pour lui… »
« Comme tout le monde Moony… »
« Il a ptet’ ses règles », lance James dans l’espoir de détendre l’atmosphère.
Peine perdue. Lily se contente de le foudroyer du regard tandis que Remus lève les yeux au ciel et que Sirius hausse les épaules, dubitatif. Peter, de l’autre côté de la porte, se contente de murmurer un «
S’il savait… ».
Le vent claquait. Peter regardait les hommes encapuchonnés mettre à sac la maison de James. Le Seigneur des Ténèbres entre dans la maison. Deux éclairs verts percent la noirceur de la nuit. Deux éclairs de mort. Le troisième. Des hurlements se font entendre. Des pleurs. Harry est vivant. Le visage de Peter se décolore progressivement. «
Les chatons mangent les rats », murmure-t-il tout bas. Les Mangemots désertent, apparemment sous le choc. Des sorciers apparaissent autour de la maison. Albus Dumbledore, que Peter reconnaît aisément, Moony dont il entend le cri de désespoir et Sirius. Sirius qui l’aperçoit. Sirius qui comprend. Sirius qui se jette à sa poursuite. Peter court, court le plus vite qu’il peut. Il s’arrête dans une rue, un sourire victorieux soudain plaqué sur les lèvres. Sirius l’attaque, tout se déroule comme prévu. Il sort un couteau de sa cape et, d’un geste décidé, tranche net un de ses doigts qui tombe au sol en un bruit étrange. Il jette un sort. Un sort qualifié plus tard de « massacre ». Hécatombe. Des Moldus meurent tout autour. Peter jette un dernier regard à Padfoot, un regard désolé. Avant de se transformer et de filer, laissant Sirius seul, sous le choc. Sirius sait qu’il vient de tout perdre. Il a perdu James, il a perdu Remus, parce que Sirius sait parfaitement que Moony pensera qu’il a tué Peter. Il a perdu l’estime du monde sorcier. Il a perdu la réputation d’ « homme bien » qu’il tentait d’acquérir malgré ce foutu nom qui lui collait au basque. Et il a tout perdu. Tout ça à cause de Peter. Une rage intense monte en lui par vague. Les larmes coulent sur son visage fermé. Des gens du Ministère arrivent. Les jeux sont faits. Il est déjà condamné.
Moony se replie sur lui-même. Sirius. Des larmes finissent par couler sur son visage ravagé par la douleur. Il sent Harry s’agripper un peu plus à lui, se blottissant du mieux qu’il pouvait contre le loup-garou qui le berça un peu.
« Dors… »
La voix est douce et Harry s’endort. Il sent une indescriptible boule de tristesse dans sa gorge mais il ne comprend pas pourquoi. Il est tout jeune. Il ne sait pas ce qu’est la mort. Il ne comprend pas les larmes sur le visage de Remus, ni les visages affligés des gens aux alentours, il ne comprend pas non plus la haine dans la voix des gens lorsqu’ils parlent de son parrain ; mais ce qu’il comprend encore moins c’est l’absence de ses parents. Oui, ça il ne le comprend pas du tout. Alors il reste entre les bras protecteurs de Remus.
Peter, lui, jubile. Il est en vie. Et tant pis pour le reste.
Mais ce que Peter ne savait pas c’est que, bien des années plus tard, le chaton mangerai, effectivement, le rat…