Quand tout bascule ... [ Fe Isabella Casteli et Jarod Goldsmith ]

Tania observait attentivement la rebelle tout en s'avançant vers la sortie. Elle ne s'inquiétait pas vraiment de sa réaction mais ne pouvait quand même pas lui faire confiance pour autant. Et si la folle idée lui venait d'oser se mettre en travers de son chemin ? Elle lui paraissait assez inconsciente pour ça. Cette seule pensée la fit sourire intérieurement. Qu'avait-elle à craindre de cette ... combattante ? Elle devait tout juste sortir de ses couches alors Tania rirait bien si elle pensait pouvoir se mesurer à elle. Elle en avait écrasé de plus robustes qu'elle !

Au fur et à mesure de sa progression, une sensation désagréable s'infiltrait sournoisement en elle. Elle ressentait un froid mordant se faire de plus en plus intense, signe que les détraqueurs se rapprochaient. Et c'était loin d'être une bonne chose. Elle n'en avait pas peur mais préférait ne pas trop s'en approcher, les souvenirs heureux ne se bousculant pas dans sa tête. En fait, les seuls le concernaient lui ... Mais la présence d'Isabella avait la fâcheuse tendance de les ternir un peu.

Ce fut donc avec un haussement de sourcils que Tania écouta la rebelle s'adresser à elle :

Citation :

-En fait, ca me dérange Tania.Tu ne crois quand meme pas que je vais te laisser partir! C'est vraiment tres tres naif de ta part, meme venant de toi...

Tania partit d'un rire cristallin. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre. Quelque part, elle ne manquait pas de courage cette petite. Seulement, à ce stade, cela s'apparentait plus à la folie qu'au courage. Lorsqu'elle eut réussi à reprendre son calme, Tania s'adressa à Isabella sur un ton narquois :

- Et puis je savoir ce qui va m'en empêcher ? Toi ? Allons, sois un peu sérieuse ! Mais en tout cas, merci. Tu m'as bien fait rire. Et pour ton information, ma question était purement rhétorique. Je me moque éperdument de ce qui peut te déranger.

Ce fut avec amusement qu'elle regarda la rebelle se mettre en travers de son chemin. Tania évalua les atouts de sa pseudo adversaire. Son corps de jeune femme ne portait pas de stigmate de combat, elle n'avait donc pas du en vivre beaucoup. Ou bien, ceux-ci n'avaient du être que des mascarades bien loin de mettre sa vie en danger. Elle tenait sa baguette fermement, certes, mais Tania soupçonnait la rebelle ne pas en faire un usage assez approprié pour la considérer comme une arme soit disant menaçante. Et enfin, elle employait un ton glacial mais c'était certainement, aux yeux de la mangemort, pour cacher sa terreur. Bref, le danger qu'elle représentait équivalait certainement à une attaque de lutins de Cornouaille.

Elle attendit quelques minutes, laissant ainsi le temps à la rebelle de mesurer l'ampleur de son idiotie. Cependant, la mangemort sentait que cette dernière n'avait aucunement l'intention d'obtempérer. Elle reprit donc d'un ton las :

- Bon, tu attends le déluge pour bouger ? On ne va quand même pas rester là jusqu'à Noël ! Oh et puis tu m'ennuies et s'il y a bien une chose que je n'aime pas, c'est être ennuyée par un importun. Pfff ... SECTUMSEMPRA !!!

La mangemort regarda avec langueur l'éclair vert sortir de sa baguette. Elle aimait particulièrement ce sort du fait de son inventeur. Un grand homme ! Elle aurait tant aimé le connaître plus. Elle aurait eu tant de choses à lui dire ou à lui demander. Malheureusement il était mort maintenant. Et quelque part, elle avait des regrets, il lui manquait. D'ailleurs, ses parents lui manquaient aussi. Ils étaient morts depuis des années, emportant avec eux le semblant de famille qu'elle ait jamais eu. Elle se sentait bien seule depuis si longtemps qu'elle ...

Elle s'arrêta soudainement, horrifiée.
« Non, pas ça ! Ça suffit ! »
Elle avait bien compris que cette nostalgie et cette souffrance ne refaisaient pas surface par hasard. Les détraqueurs devaient être plus proches que prévu. Et s'ils se rapprochaient encore, cela risquait de mal tourner pour tout le monde.

Lorsqu'elle tenta de reporter son attention sur la rebelle, elle réalisa que l'environnement avait sensiblement changé. Ses pensées avaient totalement anesthésié ses sens. Elle n'avait même pas remarqué que les murs avaient du trembler, quelques gravas épars en étant la preuve. D'autres souvenirs refirent surface :

« Ne pas faire usage de la magie en ce lieu ! La prison est créée de telle sorte qu'un sortilège produit plus de dégâts qu'autre chose à cet endroit là ! »

Tania se sermonna mentalement. Comment avait-elle pu être aussi négligente ?! Et tout ça dans un seul but : écarter une insignifiante gamine qui ne l'aurait de toute façon pas dérangée. Quoi qu'il en soit, ce qui était fait, était fait. Elle se retrouvait piégée dans Azkaban, la seule porte de sortie étant désormais bouchée par des rochers échoués devant. Et il était bien évidemment inutile de penser se servir du moindre sort pour les faire bouger

Tania fit le point : elle était coincée dans une pièce sans aucun moyen de sortir, des détraqueurs rodaient tout près ... et elle était en compagnie d'une rebelle. Tania se souvint soudain qu'elle était accompagnée. La jeune femme était totalement sortie de sa tête. Elle la chercha des yeux, s'attendant à trouver un corps inerte, recouvert de plaies béantes et sanguinolentes. Elle mit quelques minutes avant de la distinguer et ce qu'elle vit était ... différent de ce à quoi elle s'attendait.

Tania se sentait vraiment mal à l'aise. Et cela n'était pas spécialement dû au fait qu'elle venait de commettre une erreur monumentale. Le froid était de plus en plus intense et les reproches plus crédibles. Mais elle savait que cela ne provenait que des détraqueurs, enfin presque ...
Cela arrivait certainement à tout le monde d'oublier un détail. Dans le cas présent, le détail était loin d'être insignifiant mais elle n'allait quand même pas l'admettre ouvertement !

Citation :

-Idiote! C'est cela que la veuve noire vous apprend? A vous piéger tout seul?!

Et voilà, la peste qui venait mettre son grain de sel. Comme si elle n'avait pas remarqué qu'elle avait eu un éclair de stupidité. Mais plutôt mourir que de lui donner raison. D'une part, ça lui ferait trop plaisir ( inadmissible ! ) et d'autre part, il était hors de question d'avouer une faiblesse à cette prétentieuse. Tania était tellement furieuse contre elle-même ( mais aussi contre Isabella car elle était insupportable et surtout indésirable de par sa proximité avec un certain ami ... ) qu'elle ne parvenait pas à se concentrer. Elle voyait cependant la rebelle s'agiter, certainement en quête d'une solution. Mais aux yeux de la mangemort, quelle qu'elle soit, elle ne pourrait se résoudre à accepter d'être sauvée par une ... rebelle ! Et puis quoi encore ? Pourquoi pas lui offrir une bierraubeurre en sortant ? Ridicule !!

Citation :

-"Tu as déclenché le piege anti-intrusions!"

Tania lui jeta un regard noir et pensa en elle-même :
« Tu radotes ma chérie ! On a compris. Mais elle m'énerve à avoir raison. Et encore une raison de plus de ne pas pouvoir la supporter ! Comme si tout le reste n'était pas suffisant ! »

Elle vit la rebelle se raidir et il lui sembla la voir chercher son air. Tania jubilait : sa soit-disant sauveuse paniquait ! Une héroïne qui perd pied ? Quelle douce vision. Mais le plaisir fut de courte durée car elle sentit elle aussi l'air se raréfier. Tania dut avouer que les défenses de la prison étaient réellement efficaces. Non seulement les intrus étaient piégés mais en plus ils étaient destinés à attendre une attaque de détraqueurs dans des conditions dignes de Dante. Alors ? Qui sont les réels sadiques ?

La mangemort réalisa qu'elle devrait laisser sa fierté de côté pendant un instant car sa seule chance de s'en sortir passait obligatoirement par une collaboration avec la rebelle. Et même si cette seule pensée lui donnait des hauts-le-cœur, elle n'avait malheureusement pas le choix. Mais rien ne l'empêcherait par la suite de donner libre cours à son courroux !

Elle tenta de se montrer aimable mais le résultat fut lamentable, même à ses propres yeux. Elle n'avait jamais été douée pour la diplomatie. Elle s'adressa à la jeune femme d'un ton neutre, sa seule façon de manifester son désir de non-agression :

- Bon alors, on se calme ! On sait : j'ai commis un impair. On ne va pas le ressasser pendant le peu de temps qu'il nous reste. Maintenant, il faut passer aux choses sérieuses. Je crois que tu as remarqué que l'air n'allait pas tarder à nous manquer alors inutile de s'agiter pour rien, ce serait en gaspiller.

La mangemort respirait avec de plus en plus de difficultés désormais aussi fit-elle une pause avant de reprendre :

- Avant toute chose, je suggère que nous nous concentrions sur des pensées « heureuses », enfin le plus possible. Nous pourrons conserver notre lucidité et établir un plan parce qu'au cas où tu ne l'aies pas remarqué, on ne pourra s'en sortir qu'en collaborant.

La mangemort tenta de rassembler ses pensées les plus heureuses mais cela se présentait plutôt mal. Tout ce qui lui venait en tête était teinté de vermillon et provoquait une douleur lancinante dans sa poitrine. Elle força son esprit à reprendre la bon chemin et le seul résultat fut l'apparition d'une musique dans sa tête. Elle aurait du s'en douter ... mais elle ne pouvait pas l'exploiter sans l'assimiler à Isabella. Comment pouvait-elle se concentrer sur ses rares joies alors que celle qui l'accompagnait avait le don de les mettre en pièce ? Et pour couronner le tout, elle avait de plus en plus froid. Sa cape n'arrivait pas à la réchauffer, un peu comme si le froid était à l'intérieur d'elle.

Elle se tourna alors vers la jeune femme et lui dit :

- Alors, ces pensées heureuses ? Est-ce que ça fonctionne ?

Tania ne savait pas vraiment si elle pourrait tirer quelque chose de sa nouvelle camarade mais peut être que ses pensées pourraient l'aider elle même à reprendre contenance. Parce que hormis ce-dont-elle-ne-voulait-pas-parler ... ses tentatives pour retrouver le sourire n'étaient pas glorieuses.

Tania attendait avec impatience la réponse de Bella, un peu comme une main qui serait venue la secourir. Elle espérait que s'il émanait de la rebelle assez d'énergie positive, peut être qu'elle même pourrait en bénéficier. Elle avait abandonné toute idée de s'en tirer seule, ses souvenirs heureux étant trop faibles, trop rares par rapport à ce dont elle avait besoin.
Elle observait la rebelle avec inquiétude, sentant que cette dernière n'était pas vraiment en train de se concentrer sur ce qu'ils leur fallait. En effet, la rebelle avait les yeux dans le vague mais aucun sourire sur les lèvres. Plutôt une mine déconfite qui ne présageait rien de bon pour la mangemort. Et la réponse de Bella ne fit qu'accentuer le désespoir de Tania..

Citation :

-"Je..Je n'y arriverai pas."

Tania sentait le froid et le manque d'air devenir difficilement supportables, un peu comme s'ils l'entrainaient vers un endormissement dont elle savait qu'elle ne se relèverait pas. Elle regarda la rebelle se recroqueviller et voyait qu'elle subissait les mêmes attaques.

La mangemort se laissa choir au sol, ses dernières barrières ayant cédé. Elle réalisa que de toute façon, il ne servirait à rien de lutter car leur destin était déjà scellé : elles allaient mourir et si les détraqueurs décidaient de ne pas les tuer, alors elles se retrouveraient dans un était pire encore. Alors à quoi bon reculer une échéance qu'elle savait inévitable ?

Pendant un instant, Tania envisagea même de mettre un terme elle-même à ses jours. Elle n'aurait même pas besoin d'utiliser l'Avada Kedavra. La simple utilisation de sa baguette signerait instantanément son arrêt de mort. Alors quitte à mourir, elle préférait décider elle même du moyen. Elle ne voulait même pas envisager l'éventualité de recevoir un baiser ...

Elle tenait sa baguette à la main lorsque le mot « baiser » fit écho en elle. N'avait-elle jamais espéré en recevoir un vrai, un doux tels qu'elle les avaient toujours refusés ? Elle aurait eu tant d'occasion et tant d'hommes qu'elle aurait pu aimer mais elle n'en voulait aucun, enfin ...

La colère fit place au désespoir. Une colère froide contre elle-même, contre eux, contre lui ... Pourquoi n'avait-elle pas eu droit à ce que tous les autres possédaient voire recherchaient ? Et pourquoi n'avait-elle pas saisi sa chance quand l'occasion s'était présentée ? Parce que la seule fois où elle s'était sentie prête, il l'avait repoussée. Sa seule chance avait été réduite à néant en un instant, devant un café, devant ...

Tania se souvint soudain de médaillon qu'elle portait autour du cou. La seule chose qu'il avait bien voulu lui donner, à défaut de son ... Elle prit le bijou dans sa main et chuchota avec les derniers vestiges d'espoir qui lui restaient :.
- Blue Mountain !

Et comme elle aurait du s'y attendre, rien ne se produisit. Elle songea :.
« C'était prévisible. Si on ne peut pas transplaner, il était peu probable qu'on puisse se servir d'un portoloin. Ça aurait été trop facile. »

Elle laissa aller sa tête contre le mur derrière elle et murmura, plus pour elle même que pour Bella :.
- Non, je ne veux pas mourir. Ce n'est pas juste ! CE N'EST PAS JUSTE ! Est-ce que personne ne se soucie de savoir où je suis ?

Elle ferma les yeux face à la déception de la réalité :.
- Bien sur que non. Les seuls qui savent où je suis préfèrent me voir morte plutôt que de devoir avouer la raison de ma présence ici. Il n'y a personne ...

Pendant un instant, un mince espoir réapparut en elle. Elle se tourna vers Bella et lui demanda sans masquer le besoin d'une réponse positive :.
- Dis-moi que quelqu'un sait que tu es là ? Dis-moi que tu n'as pas été assez stupide pour ne prévenir personne ! Par Merlin, dis le moi !!!

Si Tania avait du prier une seule fois dans sa vie, ce serait en cet instant. Malheureusement pour elle, elle n'avait jamais été portée sur cette pratique. Son seul espoir résidait entre les mains de la rebelle..

Tania attendait avec impatience une quelconque réponse de la rebelle. Bien sur, elle aurait préféré apprendre qu'en ce moment même, quelqu'un venait à la rescousse de Bella. Cela irait cependant de pair avec une étrange situation : la personne qui viendrait tirer Bella des griffes des détraqueurs devrait décider s'il en sortait aussi Tania. Et si c'était un rebelle de la même trempe que sa charmante camarade, il y aurait fort à parier que Tania resterait à croupir au milieu de ces ténèbres. Sauf si l'arrivant trouvait plus opportun de la sauver pour la faire juger. Et cette hypothèse conduirait évidemment la mangemort à ... Azkaban. Quelle cruel cercle vicieux !

Elle entendit alors vaguement Bella murmurer :.

Citation :

- Oui...Jarod...J'ai appelé Jarod...avant ..de venir.

Pendant une seconde, Tania crut entrapercevoir un espoir. Il y avait donc bien quelqu'un qui serait potentiellement leur sauveur ! Mais la mangemort eut l'impression que l'aura des détraqueurs l'avait sentie et l'once de réconfort s'évanouit aussi vite qu'elle était apparue. Et la colère fit place à l'espoir..

« Jarod ?! Pensa t-elle en son for intérieur. Il a peut être de grands pouvoirs, mais aurait-il assez de considération pour Bella au point de venir la sortir de ce guêpier au péril de sa propre vie ? Mais ... et si c'était le cas, ça expliquerait beaucoup de choses ?! Oh bien sur, ils travaillent ensemble. Et après ? Étaient-ils amis ? Ou plus que ça ? Quel traitre celui-là ! Et quelle intrigante cette petite ... »

Tania se rendait bien compte qu'une telle réflexion ne la mènerait pas bien loin. Elle se força à revenir dans la réalité et eut alors l'impression que Bella écoutait quelque chose. Elle tendit l'oreille et il lui parvint effectivement un vague bruit. Elle n'avait pas besoin de se demander ce qui en était à l'origine. Et ce n'était certainement pas Jarod.

Lorsqu'elle reposa les yeux sur Bella, elle vit une larme couler sur sa joue. Tania savait qu'en temps normal, elle aurait été ravie de voir la rebelle dans cet état. Une faiblesse ? Son armure s'effritait donc ! Mais en cet instant tragique, elle en eut mal au cœur. A quoi pouvait-elle penser ? Ce devait être quelque chose de beaucoup plus fort que la peur car la jeune femme ne semblait pas la craindre. Le désespoir ? Non, ça ne lui ressemblerait pas. Tania ne connaissait peut être pas vraiment Bella mais l'aperçu qu'elle avait eu d'elle était aux antipodes d'un tel comportement.

Elle vit soudain la rebelle trembler. Elle semblait glisser dans le néant. Tania en fut particulièrement affectée. Elle eut la sensation d'être tirée vers le fond, entrainée par la peine de Bella. Tania aurait voulu lui crier :.

« Non ! Tu ne m'aides pas là. Reprends-toi ! »

Mais les mots refusèrent de sortir. Comme si la communication, seul moyen de sortir un peu des ruminations, lui était désormais inaccessible. Les détraqueurs étaient vraiment des créatures cruelles. Ils venaient torturer les âmes jusque dans leurs derniers retranchements !.

Citation :

- Si il lui arrive malheur...Je..Je...

Tania savait pertinemment à qui se référait le « IL ». Et elle constata qu'elle n'était même plus en colère. Ce sentiment était donc lui aussi trop vivant pour être toléré ? En fin de compte, elle s'en fichait. Toutes ces idées de pseudo-jalousie étaient bien loin maintenant. De toutes façons, la réalité avait disparu au profit d'une dimension vide de tout sens. Finalement, pourquoi vivait-elle ? Pour qui ? Dans quel but ? L'éventualité de la mort devenait alors l'issue la plus logique. Mettre un terme à ce qui n'avait jamais servi à rien.

Tania se laissa emporter par le vague à l'âme. Elle ignora délibérément l'écho d'une tourmente qui devait se former de l'autre côté du mur auquel elle faisait face. Elle ne se posa même pas la question de savoir comment les détraqueurs auraient pu créer un tel phénomène. Ni même qui avait pu émettre le chant qui résonnait au loin. Tout lui était totalement égal ...

Elle opta pour la solution la plus simple : attendre que la mort vienne jusqu'à elle. Cette résolution et la suppression totale de toute envie de sa battre lui sembla réconfortante. Elle se surprit même à savoir parler, comme si elle en avait été privée pendant si longtemps qu'elle aurait oublié comment cela fonctionnait. Elle se tourna alors vers Bella et lui dit :.

- Comment se fait-il que ce soit Jarod que tu aies prévenu ? Tu aurais pu en parler à n'importe qui d'autre mais non. Il a fallu que ce soit lui. Ne me dis pas que tu as eu plus de chance que moi avec lui. De toutes façons, ça m'est égal. Je sais pertinemment que je ne suis pas porteuse de bonnes choses. Alors je suppose que je devrais être contente pour vous ... si toutes fois, il existe un « vous » ...

Tania se demanda en elle même d'où lui venait une telle curiosité. C'était totalement déplacé et inapproprié à la situation. Mais en fait, plus rien ne sortait désormais de son contexte puisque plus rien n'était vraiment réel.

La jalousie non plus n'avait plus de raison d'être. Car même si le « VOUS » existait, il ne persisterait pas longtemps puisque Bella allait suivre le même chemin qu'elle. Alors autant être honnête une dernière fois dans sa vie ....

Tania avait l'impression de vivre l'aventure de quelqu'un d'autre. Ses émotions, ses idées, sa résignation ne ressemblaient pas aux siennes. Elle ne s'était jamais sentie aussi vide. Elle regarda la rebelle pleurer avec un tel détachement qu'elle en fut elle même surprise. Théoriquement, les larmes étaient quelque chose qu'elle aimait voir chez les autres. Mais cette fois, ça la laissait totalement indifférente.

Elle regarda la rebelle tourner les yeux vers elle et entendit un faible son sortir de ses lèvres :.

Citation :

-"J'aurai..jamais du faire cela...Jamais... J'espere qu'il ne viendra pas..."

Tania approuvait totalement la rebelle. Pour une fois qu'elles étaient d'accord sur un point, ça aurait du être surprenant mais en l'occurrence, ce serait certainement la dernière fois qu'elles auraient l'occasion de confronter quoi que ce soit.

Il était évident que Jarod ne devait pas venir ici. Pour les sauver ? En étaient-elles vraiment dignes ? Avaient-elles vraiment le droit de le mettre en danger pour sauver leurs misérables vie ? Ne valait-il pas mieux pour lui qu'elles disparaissent toutes les deux ? Ne serait-il pas plus libre ?

Cependant, ce n'était pas une réponse à sa question. Elle voulait savoir même si c'était malsain. Ça ne lui apporterait rien, voire ça pourrait lui faire mal au cœur mais elle n'en avait pas peur. Son cœur ne risquait pas de lui faire mal bien longtemps puisque les détraqueurs avaient l'intention de le réduire en cendres. Elle lança un regard noir à Bella voulant dire :.
« Tu veux bien arrêter de tourner autour du pot et en venir aux faits tant qu'il en est encore temps ?! »

Citation :

-"Je...Je l'aime."

Tania n'avait pas la force de parler mais elle lui aurait volontiers répliquer quelque chose du genre :.
« Vraiment ? On ne s'en était pas douté ! »

Mais elle vit rapidement que la rebelle avait abandonné. Sa tête avait chu sur son épaule et elle ne bougeait plus du tout. Peut être était-elle morte. Tania se dit que ce qui l'attendait n'avait pas l'air vraiment douloureux. Tant mieux ou tant pis ? Peu importait maintenant. Qu'elle mérite ou pas de souffrir n'avait plus aucune importance puisqu'elle ne pourrait pas y échapper.

Elle commençait à se laisser elle aussi glisser dans le néant lorsqu'elle vit la porte de la salle exploser..
« Ça y est, ils sont là. Ils vont venir finir le travail. Il était temps. »

Des volutes de poussières envahirent le passage, masquant les arrivants. Tania ne comprit pas d'où pouvait provenir le vent qui souffla soudain sur la salle mais elle n'était plus en mesure de se poser des questions. Elle était un peu impatiente de les voir. Mais celui qu'elle vit entrer était loin de ressembler à un cadavre en décomposition. Elle n'avait pas connaissance que les détraqueurs puissent prendre l'apparence de votre meilleur souvenir. Peut être était-ce une énième façon de torturer les gens : les assassiner sous les traits de ceux qu'ils aimaient le plus. Les détraqueurs étaient décidément des créatures fascinantes. Et Tania les attendait avec joie, elle recevrait la mort la tête haute. Elle n'avait plus peur ….

Citation :

- Je vais venir t'aider dans un instant, évite les mouvements brusques et inspire doucement, il n'y a plus rien à craindre.

Etait ce vraiment lui ? Comment était-ce possible ? Comment avait-il pu passer outre les créatures ? Pourtant, il ne faisait aucun doute : c'était lui ! Sa voix, ses yeux étaient les mêmes. Mais que voulait-il faire ? S'il avait repoussé les détraqueurs qui étaient devant la porte, c'était déjà un exploit mais que ferait-il de ceux qui n'allaient pas tarder à arriver ? Comment comptait-il les sortir de là ? Il était venu se faire tuer. Mourir à ses côtés n'était finalement pas la pire manière d'en finir. Mais Tania fut prise d'un accès de colère ! Non, elle n'allait pas mourir, et lui non plus. Accessoirement, Bella non plus. Dommage !

Soudain, elle réalisa qu'il s'était approché de la rebelle. Elle s'en voulut d'avoir cru l'espace d'un instant que … Il était allé tout de suite vers elle. ELLE, encore ELLE ! C'était prévisible. Tania se mit à espérer le retour des détraqueurs pour la sortir de cette situation insupportable.

Elle le vit tenter de réveiller la rebelle. Puis, il cria … Tania sentait une lame froide lui trancher la poitrine. Il criait pour ELLE. Et il se démenait pour ELLE. Tania ne reconnaissait pas le rituel que Jarod était en train de pratiquer mais elle se doutait que c'était un acte désespéré pour sauver la rebelle. Elle ne comprenait pas tous ses mots mais son ton ne laissait aucun doute : il ne pourrait pas supporter de la voir partir. Il lui disait certainement des mots doux, et la lumière bleuté était certainement son aura qui était ébranlée par la douleur de la perdre. Que pouvait-il s'agir d'autre ?

La mangemort vit alors la poitrine de Bella se remettre en mouvement. Il avait réussi à la ramener, mais comment avait-il fait ? Il avait tant de secrets. Et il lui en avait révélé si peu … Bella devait certainement tous les connaître, ELLE !

Tania tourna la tête, elle ne voulait plus voir le jeune homme s'occuper de l'autre … A quoi bon ? Si elle en avait eu la force, elle se serait levée et aurait fui. Loin, très loin. Pour ne plus jamais avoir à les voir. C'était comme un poison qui la faisait encore plus souffrir que la magie des détraqueurs. Elle n'espérait plus qu'une chose : qu'il emmène la rebelle ailleurs, qu'il parte avec elle et qu'il la laisse là.

Elle entendit vaguement Bella murmurer :.

Citation :

-Je..t’aime.

Tania referma les yeux. Les rebelles étaient peut être opposés aux pratiques des mangemorts mais en matière de torture, ils n'avaient rien à leur envier. Elle ne l'avait pas entendu mais se doutait que Jarod avait du lui chuchoter quelque chose du genre :.
« Moi aussi ».

Elle cria en elle même :.
« Vas t'en ! Par pitié, laisse moi tranquille, c'est déjà suffisamment dur pour que tu en rajoutes encore ! ».

Elle entendit au loin un bruissement d'ailes et se sentit soulagée. Ils étaient enfin partis, ils avaient fini de la tourmenter et la laissaient en paix. Elle allait pouvoir mourir sereine. Mais elle sentit alors une cape être déposée sur elle. Et elle le vit. Mais que faisait-il encore ici ?

Lorsqu'il s'assit, elle réalisa qu'il lui tenait la main. Elle ne comprenait décidément plus rien. Seule l'envie de le gifler était présente. Il ne cessait de regarder le coin de la pièce où était l'autre quelques instants plus tôt. Elle ne pouvait parler mais ses pensées étaient désormais claires et orageuses :.
« Si elle te manque tant que ça, pourquoi ne vas-tu pas la retrouver ?Tu veux savourer ma mort ? Tu veux me regarder partir ? Tu me hais ? Pourquoi ? »

Citation :

- Inutile de te demander la raison de ta présence ici, j’imagine qu’elle s’explique par le cadavre de Kerenski que j’ai trouvé tout à l’heure. Je me doute que ça a dû te paraître ironique au début, n’est-ce pas ? De pouvoir mettre un terme aux souffrances de ton camarade si facilement mais de te retrouver bloquée sur le chemin du retour ?

« Tu peux me dire ce que l'humour vient faire en ce lieu et en cet instant ? Alors tu veux me voir mourir pour me punir d'être ce que je suis ? Tu n'es qu'un menteur ! Tu avais juré ! »


Il lui tendit du chocolat qu'elle lui aurait volontiers jeté au visage. La remettre sur pied pour pouvoir assister à toute la déchéance qu'elle venait de traverser mais qu'il avait raté ?.

Citation :

- Par rapport aux normes magiques, mon pouvoir est grand. Pourtant, il y a des limites à tout pouvoir, aussi important soit-il. Ce que je viens de faire aujourd’hui aurait échoué si j’étais arrivé ne serait-ce que quelques minutes plus tard, et je pense que si tel avait été le cas, ce sont deux dépouilles que j’aurais retrouvées.

« Deux au lieu d'une ? Ça aurait été dommage que ta petite-amie meurt aussi ! Soies un gentleman et laisse moi mourir ! Pars ! »

Citation :

- Si je vous avais retrouvées mortes, Bella et toi, sais-tu ce que j’aurais fait, Tania ?

Il avait l'air en colère à son tour. Ou plutôt rempli d'un sentiment plus fort mais tout aussi amer. Ses poings crispés en étaient les témoins. Tania avait bien compris qu'il aurait souffert de la perte de la rebelle. Mais jusqu'où voulait-il aller ? Il voulait lui faire assez mal pour la faire pleurer ? Et dire qu'elle lui faisait confiance !.

Citation :

- J’aurais repris ce que j’ai su si bien faire en Amérique et qui m’a valu une réputation continentale sous un autre nom. J’aurais massacré un par un tous les mangemorts que j’aurais rencontrés en les faisant souffrir plus qu’ils n’auraient été en mesure de supporter… Sais-tu pourquoi je te dis tout ça, Tania ?

« Je n'en ai pas la moindre idée mais je m'en fiche ! Tu n'es qu'un menteur ! Tu aurais voulu torturer tous les mangemorts et tu commences avec moi ! Quand je pense que je t'ai cru ! »

Il la prit alors dans ses bras mais elle n'avait qu'une envie : se débattre et le repousser. Que voulait-il de plus ? Mais sa voix se fit si douce qu'elle l'écouta d'une oreille moins hostile :.

Citation :

- Quand je suis entré dans cette pièce, j’ai lu dans tes yeux… la résignation. Tu étais prête à mourir et l’on aurait dit que tu considérais que ça aurait été mieux comme ça. Ignores-tu donc la douleur de ceux qui perdent leurs êtres chers ? Ou bien m’as-tu pris pour un menteur lorsque je t’ai dit que je ne te laisserais plus seule ?

« Tiens, tu es legilimens maintenant ? Bravo, tu es lucide au moins ! »

Mais il démentit tout à coup la colère de la mangemort. Alors qu'il se relevait et qu'elle croyait que cette fois il partirait pour de bon, il la souleva du sol..

Citation :

- Je ne laisserai jamais plus tomber les miens, Tania. C’est vrai pour Bella et c’est aussi vrai pour toi alors souviens-t'en car la prochaine fois que tu te laisses aller de la sorte, même si je dois venir moi-même jusqu'en enfer pour te botter les fesses, tu ne mourras pas. Maintenant, quittons ce lieu maudit.

Elle remarqua l'arrivée du phénix et se laissa emmener dans les bras du jeune homme. Elle ferma les yeux et lorsqu'elle les rouvrit, ils étaient au manoir Goldsmith. Bella semblait aller bien. Tania voulait fuir à nouveau. Qu'allait-il se passer maintenant ? Elle n'avait pas la force de voir deux tourtereaux roucouler sous ses yeux. Il était peut être réellement son ami, peut être pas. Elle n'en savait plus rien mais n'avait aucune envie de connaître la réponse. Elle se débattit, ayant récupéré quelques forces et se laissa tomber de ses bras. Elle n'arrivait pas à se remettre debout aussi se terra t-elle dans un angle et murmura :.

- Laisse moi partir ! Je refuse de rentrer dans votre jeu sadique ! Qui que tu soies, tu n'as pas le droit ! Elle t'aime, tu l'aimes, c'est certainement très attendrissant mais vous m'excuserez de ne pas participer à la liesse. Maintenant, je réitère : LAISSE MOI PARTIR !

Tania avait échoué dans un angle de la pièce, mais pas encore assez loin selon elle, de ceux qu'elle aurait voulu fuir. Elle aurait tout donné pour se trouver n'importe où plutôt qu'ici en cet instant. Même le courroux de sa maitresse lui aurait semblé supportable en comparaison de ce qu'elle ressentait dans cette situation. Ils s'étaient moqués d'elle et elle n'avait rien vu venir. Mais pourquoi ? Et surtout pourquoi s'étaient-ils révélés aussi tôt ? Ils n'avaient rien obtenus d'elle. Mais peut être que le monde n'était pas à l'image des mangemorts et que tous les sorciers n'avaient pas d'intentions détournées … Non, dans le cas présent, c'était inenvisageable. Ce ne pouvait pas être une coïncidence !!.

-Oui...Je ferai mieux de rentrer chez moi aussi...

Tiens, elle est en vie celle là ?? Comment pourrait-il en être autrement ?! Il était venu pour elle après tout. Et cet air faussement gêné qu'elle arborait pour bien rappeler à tout le monde ce qui s'était passé était vraiment mesquin.

Alors que Tania jetait des regards froids à la rebelle, elle vit un mouvement dans son champ de vision qui lui fit détourner la tête. Un personnage était apparu et tenait Jarod dans ses bras tout en lui faisant avaler une potion non identifiée. Tania ne comprenait pas d'où il pouvait sortir. Elle savait pertinemment que les défenses du manoir empêchaient un être extérieur de rentrer donc ce devait être une connaissance de Jarod. Mais il n'était pas un sorcier. Elle le regarda déposer Jarod sur le fauteuil conjuré et se tourner vers elle même ainsi que Bella avec un air outré :.

- Infâmes créatures humaines, si Jarod ne venait pas de risquer sa vie pour vous sauver, je pense que je vous aurais déjà réduites en poussières....

Tania n'avait pas la force de rire sinon elle ne s'en serait pas privée. Pour qui se prenait-il celui là ? Il ne lui faisait pas peur, pas le moins du monde et son attitude théâtrale ne rajoutait qu'au ridicule de la situation. Tania se demandait comment elle avait pu en arriver là. Et dire que quelques heures plus tôt, elle faisait son travail comme tous les jours …

Elle se sentit décoller du sol et se faire ligoter sur un fauteuil. Décidément, cet être avait vraiment de ma classe. S'attaquer à des adversaires diminués, c'était vraiment digne d'un grand Homme !! Tania fut amusée de voir que Bella avait subi le même sort. Cet être ne supportait pas les femmes qui entouraient le rebelle ? Quel genre de lien pouvait donc bien les unir, lui et Jarod ?

Elle vit les elfes de maison apparaître ( ceux là même qu'elle ne supportait déjà pas … ) et obéir aux ordres du nouveau venu :.

- Tobby, vas chercher du chocolat dans la cuisine et des potions revigorantes dans la pharmacie. Fais savoir aux elfes de maison qui s'occupaient de la diversion qu'ils doivent revenir immédiatement au manoir..

Tania pensa très fort en elle même :.

« Tu sais ce que tu peux en faire de ton chocolat et de tes potions revigorantes !!!! »

- Quincy, préviens Taylor et McKay de ce qui vient de se passer et dis leur de rassurer les autres rebelles concernant l'incident d'Azkaban dont ils ne vont pas tarder à entendre parler. Tu peux leur parler de Némésis, ce sont les seuls au courant pour elle mais précise leur de ne pas parler d'elle aux autres. Les humains ont souvent tendance à être obtus d'esprits, comme c'est le cas de celle allongée sur le divan derrière moi..

Tania bouillonnait intérieurement. Comment avait-elle pu être assez stupide pour pouvoir accorder sa confiance à Jarod ?! Tout ce qu'elle lui avait demandé, c'était de ne pas la trahir, de ne pas parler d'elle et elle apprenait que beaucoup de gens connaissaient son nom. Alors son appartenance ….

« C'est bien fait pour toi, pauvre idiote, se sermonna t-elle mentalement. Tu pensais vraiment qu'un homme pourrait être fidèle ! Naïve que tu es !! »

Par contre, elle souriait intérieurement en entendant Aldaron parler de Bella. Au moins, son antipathie était partagée … Idem avec l'elfe !! Jarod avait le chic pour s'entourer d'admirateurs dévoués..

- J'y vais, prince Aldaron. Prenez soin du maître et si je peux vous donner un conseil, bâillonnez ces humaines. Comme en Amérique, seuls des mensonges sortent de leurs bouches..

De quoi je me mêle ?! Les admirateurs de Jarod était donc tous des pédants un peu trop surs d'eux ?! Ce n'était donc vraiment pas une bonne chose de donner leur liberté à des elfes de maison. Leur tête se mettait immédiatement à enfler. C'était pitoyable.
Mais Tania était quand même un peu interloquée. Qu'avait-il pu se passer en Amérique ? Elle avait l'intuition que cette phrase n'avait pas été glissée par inadvertance. Elle y voyait clairement un message : Jarod a des secrets que vous ne connaissez pas et vous ne les connaitrez jamais, vous n'êtes pas dignes de confiance. Ou alors, il voulait seulement soulever le fait que lui, les connaissait. Mais une rivalité avec un elfe était aussi honorifique qu'un combat avec une élève de Poudlard ….

- Tu t'en sortais beaucoup mieux quand tu nous avais à tes côtés et que tu te contentais d'éliminer les mages noirs. Jamais nous ne t'aurions mis dans une situation comme celle dans laquelle cette... rebelle t'a mise. Tu es puissant, Jarod mais ton pouvoir a ses désavantages. Si tu avais perdu le contrôle là-bas, la prison se serait évanouie et tu serais mort sans avoir accompli tes objectifs. Par pitié, cesse d'avoir foi en ces humains qui ne le méritent pas!.

Tania leva un sourcil. Tiens ?! Il est donc conscient que toute cette aventure n'est que l'œuvre d'Isabella ! Il remonterait presque dans l'estime de la mangemort. Enfin, presque, c'est beaucoup dire …
Mais elle fut navrée d'entendre Aldaron reprendre sa litanie sur les humains et la confiance … quelle rengaine lassante ! Elle aurait voulu lui dire qu'elles avaient bien compris et qu'il commençait à se répéter mais ses lèvres avaient du mal à fonctionner. Malheur !!.

- L'humanité m'a quitté chaque jour un peu plus depuis que cet instant. Si je n'ai pas foi en eux, si je n'arrive plus à leur faire confiance... alors le pouvoir me consumera et tu sais très bien ce que je deviendrai. Peut-être qu'à tes yeux, elles ne méritaient pas de vivre, peut-être même qu'elles n'en avaient plus le désir lorsque je suis arrivé pour les sauver mais... aussi longtemps que je me souviendrai de ce jour, des mots qu'elle m'a murmuré en me ramenant à la vie... mon combat restera le même..

S'il s'était agi d'une séquence émotion, c'était raté. Tania qui n'avait rien compris à ses dernières paroles puisqu'il n'avait jamais daigné lui en dire un peu plus, n'était pas émue le moins du monde. Un léger sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres..

- Qu'il en soit ainsi, si telle est ta volonté... Dagnir..

De mieux en mieux !! Et voilà que maintenant, Tania découvre que celui qu'elle croyait son ami ne lui avait même pas dit son vrai nom. C'était vraiment le pompon, elle se croyait tombée dans la quatrième dimension !!!

La colère qui l'envahissait s'était refroidie mais n'avait pas disparue. Elle prit la parole :.

- Je ne voudrais surtout pas interrompre un tel moment, même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque … mais je voudrais bien savoir ce que vous attendez pour agir.

Elle n'attendit même pas de réponse ou de question et s'expliqua :.

- Il semblerait que selon un certain elfe et ce fameux … Aldaron , je ne mérite pas de vivre. Inutile de demander son avis à Isabella, elle ne nous réserve aucune surprise. Cependant, toi, Jarod, ou Dagnir, ou qui que tu soies d'autre, tu ne paraît pas du même avis. Ce que j'ai de plus en plus de mal à m'expliquer.

Tania sentait ses mains se crisper et même sans revigorant, la colère commençait à en pallier les manques. Elle fixait Jarod des yeux, n'accordant aucune importance aux autres occupants de la pièce :.

- Je ne sais pas qui tu es ni ce que tu veux. Mais je dois me rendre à l'évidence : tu es beaucoup trop entouré ou protégé, peu m'importe comment tu l'appelles, pour pouvoir regarder dans la même direction que moi. Ne me dis pas que tu ne l'as pas compris ce soir, je ne te croirais pas ! Nos chemins doivent se séparer Jarod. Maintenant, il s'agit de savoir comment ?

La mangemort ressentait à nouveau l'étau se resserrer sur sa poitrine et l'origine du phénomène n'avait plus rien d'inconnu. Elle avait du mal à prononcer ces mots douloureux mais elle espérait qu'il la détromperait peut être. Qu'il lui dirait qu'il en était hors de question … Quoi qu'il dise, de toute façon, il faudrait bien que quelque chose change :.

- Je ne comprends pas très bien la place qui était la mienne dans ta vie, et je commence même à me demander si j'en avais une. Mais il est évident que la vérité est maintenant nécessaire. Ensuite, tu dois décider ce que tu comptes faire après. Demain. Tes « amis » seraient certainement ravis de me faire taire une bonne fois pour toute mais j'ai la sensation que tu ne partages pas leur opinion. Cependant, je peux me tromper à nouveau … tu nous rappelles assez souvent que je ne te connais pas !

Un voile passa sur les yeux de la mangemort. Elle était dans une situation vraiment inconfortable et ne maitrisait rien du tout, ce qui était à la limite du supportable..

- Jarod, décide toi ! Soit tu me laisses partir, on ne se reverra peut être jamais mais nous ne nous devrons plus rien. Dans cette éventualité, je te libère de ta promesse. Tu n'en as peut être pas besoin mais c'est par principe ! Soit tu … Enfin tu sais très bien quelle est l'autre éventualité ! Mais cesse de jouer aux marionnettes ! Si tu as un peu de respect pour moi, arrête de tourner autour du pot et fais quelque chose !!!

Tania en avait assez de parler. Les mots n'avaient jamais été aussi difficiles à dire … les détraqueurs en étaient-ils la seule cause ???

Lorsque Tania eut fini de parler, elle eut la mauvaise surprise de voir celui qu'elle considérait comme un intrus s'avancer vers elle. Elle ne le connaissait pas et ne supportait pas la proximité qu'il s'était permis d'adopter avec elle. Il était à des lieues de la bienséance d'un certain gentleman, et qu'importe son rang, il était probablement l'être le plus grossier qu'elle ait rencontré depuis bien longtemps.
Elle vit alors Jarod approcher et du même coup faire stopper l'importun. Elle l'en remerciait mentalement mais elle savait que l'air que le maitre des lieux affichait n'était pas de très bon augure. Il avait perdu tout ce qui le rendait sympathique et arborait un visage ou tout élan de bonté avait disparu. La jeune femme n'en était pas vraiment surprise. A peine avait-elle fermé la bouche, qu'elle avait réalisé qu'elle était peut être allée un peu loin. Mais n'était-ce pas justement ce qu'elle avait voulu ? Le faire réagir et ne plus rester dans son inactivité habituelle ? Elle ne supportait plus qu'il refuse de se mouiller et avait tenté de provoquer quelque chose chez lui, mais ce n'était apparemment pas au goût de son … ami.

Lorsqu'elle sentit la main de Jarod s'abattre sur sa joue, elle ne cilla pas. Elle l'avait cherché et c'était certainement l'une de ces réactions qu'elle espérait. Elle ne l'avait encore jamais vu perdre son sang froid à ce point. Il paraissait furieux et la mangemort était ravie. Mais encore une fois, il y avait mis de la retenue. Bravo jeune homme, même en colère vous voulez garder le contrôle de celle-ci.

- ça suffit. J'ai beaucoup de patience mais là, je ne pourrais pas en supporter davantage.

« C'était le but, mon cher ! » pensa Tania. « Il faudra peut être que tu fasses quelque chose pour changer la donne ! Mais quoi ? J'attends avec impatience. Et si vous êtes en train de lire dans mes pensées, Aldaron, sachez que tout prince que vous êtes, vous n'en êtes pas moins un incroyable malappris !!! »

- Je n'ai presque pas dormi de la nuit et je n'ai même pas pu prendre de petit-déjeuner parce qu'une de mes rebelles a eu l'idée géniale de vouloir faire parler un mangemort. Elle décide tout naturellement de s'y rendre seule en me laissant un simple message. L'idée ne lui traverse même pas l'esprit qu'une escapade solitaire dans une prison peuplée de détraqueurs ne peut être autre chose que de la folie pure!!

Tania acquiesça mentalement. Oui, Isabella avait été complètement folle de penser pouvoir affronter Azkaban. Même Tania savait qu'on ne se frotte pas de trop près aux détraqueurs sans risque. La mangemort aurait pu faire son travail sans encombre si l'autre peste n'était pas venu mettre le désordre !

- Dans mon rôle de leader "responsable", je me précipite à la prison et je règle leurs comptes à quelques détraqueurs qui semblaient particulièrement se délecter de mon... désespoir. Fort heureusement, si tes chers collègues mangemorts m'ont appris une chose, c'est que la haine est un sentiment particulièrement puissant et contre lequel ces créatures des ténèbres ne peuvent rien. Et quand je crois venir en aide à une de mes rebelles, je me rends compte que celle-ci ne respire plus et qu'elle a pour compagnie la seule mangemorte à laquelle je croyais pouvoir faire confiance !!

Tania ouvrit un peu plus les yeux : Que voulait-il dire par « croyais » ? Il n'imagine quand même pas que c'est elle qui les a mises dans cette situation ! Bref, il n'est pas impossible qu'il fut mis en difficulté ce soir. Et après ? C'est plutôt une bonne chose !

- J'avoue que je ne te comprends pas. Je t'offre mon amitié, ma confiance, je te sauve la vie mais cela ne te suffit pas. Tu as besoin de plus, toujours plus... et apparemment, tu n'es pas la seule dans ce cas si j'ai bien compris ce qu'Isabella a murmuré tout à l'heure. Et bien sûr, aucune de vous deux n'a l'air de penser... QUE J'AI MON MOT A DIRE !

Soudain, Tania sentit un aiguillon lui piquer le fond de la gorge : le malaise ! Lorsqu'il parlait, elle avait cru se revoir elle même s'adressant à lui. Elle lui avait elle même reproché, bien des jours plus tôt, d'en demander toujours plus, de ne jamais être satisfait. Et elle avait été, elle aussi, furieuse contre lui. Contre le fait qu'il ne veuille pas cesser ses tests incessants. Elle réalisa qu'elle venait en fait de lui faire subir exactement la même chose.

Quelques mots vinrent à l'esprit de la mangemort : « Oui, mais ... » Elle stoppa brusquement cet élan pour se justifier :
« Arrête ! J'ai du mal à le croire, mais il a raison ! Personne ne lui a vraiment demandé. Il n'avait pas à être encore mis dans cette position. Même si c'était important pour nous, c'était peut être dur pour lui. Aïe, mauvais point pour nous. Je sens que ça va mal tourner ... »

A cet instant, le manoir sembla exprimer ce qui ne transparaissait toujours pas dans les yeux bleus.

« Et voilà ! Qu'est ce que je disais ? »

- Si vous voulez partir, allez-y. De toutes manières, je ne peux pas vous donner ce que vous désirez, ni l'une, ni l'autre. Cette partie de moi est morte, je pensais que vous l'aviez déjà compris. Toutes les personnes que j'aimais sont mortes, tuées par des êtres qui se croyaient "supérieurs" et qui pourtant gémissaient et pleuraient comme des nouveaux-nés quand je les tuais. C'est vraiment ça que tu veux Tania? Si tu cherches un saint ou un quelconque être parfait, tu t'es vraiment trompée de personne. Je suis un homme, juste un homme...

Ce n'était pas exactement l'explication que Tania avait attendue mais elle devait avouer qu'elle tenait néanmoins la route. Et le fait de se qualifier « d'homme » était vraiment surprenant venant de son hôte. Elle avait cru comprendre depuis longtemps qu'il n'était plus un homme. Que son enveloppe charnelle était peut être celle d'un mortel, mais que ce qui l'habitait avait perdu les caractéristiques humaines. L'absurdité de la réaction de la jeune femme lui sauta aux yeux : pourquoi demander à un être de ressentir des sentiments humains alors qu'il lui a déjà avoué qu'il n'en avait plus les capacités. Tania avait fait une erreur et elle devait avouer qu'il avait … raison.

Et c'est évidemment ce moment là que choisit Aldaron pour se manifester :

- Les serviteurs de l'Héritier de Serpentard n'ont toujours amené que malheur et désespoir sur leur passage. Vous portez fièrement le serpent sur votre bras et vous vous complaisez à torturer et à tuer. Je vous avouerais que vos petites activités en Angleterre ne m'intéressent pas mais là, vous dépassez les bornes. Vous venez de contracter une dette de vie à l'égard de Jarod et vous pensez que "vous ne lui devrez plus rien"?! Vous n'avez aucun droit de demander son cœur! Pas plus que cette inconsciente qui a mis sa vie en danger et celle de Jarod par la même occasion! Vous n'êtes que des égoïstes !!

Tania sourit. Elle regarda le drow tomber dans des clichés que Jarod avait su dépasser. Elle devait avouer que pour selon qu'il n'était pas un ange, son ami avait une âme bien plus noble que nombre d'êtres vivants. La seule chose qu'elle devait reconnaître à Aldaron était qu'il avait raison sur un point : elle aurait une dette éternelle envers Jarod. Elle savait qu'il ne lui demanderait pas de la régler mais si elle avait, ne serait-ce qu'une once d'honneur, elle devrait immédiatement tenter de se racheter. Elle se demanda si ce qu'elle ressentait en cet instant était plutôt de la honte ou de la colère. Probablement les deux …

- Les elfes ont le plus grand respect pour celui qu'ils ont eux-même surnommé "Dagnir", le seul humain qui a pris leur défense lorsque vos... "amis" pillaient et saccageaient des villes, violant des femmes et tuant des enfants! Avec tout le sang d'innocents que vous avez sur les mains, Nemesis, vous avez du culot de parler de "respect" devant lui! Je savais que la jalousie humaine pouvait devenir maladive mais à ce stade, c'est quasiment de l'obsession !!

« Mêlez-vous de vos affaires !» Rugit mentalement Tania en espérant qu'Aldaron l'entende. « Vous êtes certainement quelqu'un de très important pour Jarod mais vous n'êtes rien pour moi. Je ne vous ferais pas le plaisir de la grossièreté par respect pour Jarod, mais je ne peux accepter que vous vous mêliez d'histoires qui vous dépassent certainement ! Si vous aimez vraiment Dagnir, laissez le avoir des amis ! »

- Aldaron, arrête. Je... je suis fatigué. Raccompagne-les si elles le souhaitent, je n'ai plus envie de lutter pour le moment... De toutes manières, il n'y a rien que je puisse dire ou faire pour faire changer Tania d'avis alors...

Tania grimaça. Alors il n'avait rien compris. Jarod Goldsmith, immense sorcier, intuitif, vous ne comprendrez donc jamais les femmes ??? En parlant de femme, Tania sursauta en entendant la voix d'Isabella. Plongée dans la contemplation de Jarod et occupée à réprimander mentalement Aldaron, elle avait totalement oublié la présence de la rebelle.

-« Basta. Ca suffit. Je n’ai guere besoin de vous, Aldaron pour savoir que j’ai été stupide… Et croyez moi, que le voir comme ca m’indigne suffisament et me rend folle de rage vis a vis de moi meme, sans que vous n’en rajoutiez une couche. »

Tania fut surprise. Bella semblait … culpabiliser ? Elle n'aurait jamais cru ça possible venant de la rebelle. Elle, toujours si hautaine, reconnaissait avoir commis une folie. C'était la confirmation de l'étrangeté de la soirée. Soudain, Tania réalisa qu'elle aussi, quelque part au fond d'elle même, éprouvait ce sentiment. Pas pour avoir fait venir Jarod. Si ça n'avait tenu qu'à elle, il n'aurait jamais rien su et ne serait jamais venu. Elle serait probablement morte mais au moins elle ne lui aurait pas fait … de mal. Pas comme en cet instant.

-Sache que je suis désolée d’etre la cause de tout cela, Jarod. Quoi qu’en dise Aldaron ou encore Tania, ce n’était guere mon intention. Pour ma seule defense je dirai que me mettre en danger n’était pas ce que je voulais…Et te voir ainsi, et de savoir que c’est a cause de moi, ca m’est insupportable.

Tania écoutait attentivement. Comment présente-t-on des excuses ? Elle n'avait jamais eu à faire ça puisqu'elle s'était toujours moqué de ce que pouvait bien ressentir les autres. Malheureusement, cette lacune était indéniablement critique ce soir.

-Quand a ce que j’ai dit…tout a l’heure. Oublie. Ca n’a aucune importance… Repose toi.

Alors elle était si naïve ?! Oublier ? Elle croyait que ce serait aussi facile que ça ? Passer l'éponge sur cet épisode serait certainement la meilleure chose à faire mais c'était évidemment impossible. Soudain, Tania prit peur. Est-ce que tout était gâché désormais ? Elle demanderait presque à Merlin que tout ceci ne fut qu'un mauvais rêve, même si elle n'avait aucun doute face à cette détestable réalité.

-J’avais l’intention de ramener un mangemort au ministere aujourd’hui. Ca sera sans doute pour une prochaine fois. Mais sache qu’on se retrouvera bien un jour ,Tania et que je te ferai payer cher, ton ingéniosité d’aujourd’hui.

Tania qui fixait Jarod depuis le début ne détourna même pas les yeux pour regarder Bella. Elle se moquait éperdument de ses menaces et n'avait pas la moindre envie de répliquer. Leurs petits jeux n'avaient plus court maintenant. Mais la mangemort était révoltée. Elle prit alors la parole d'un ton froid :

- Alors c'est tout ? Tu t'en vas comme ça ? Tu fuis tout ce que tu … nous avons provoqué ce soir ? Tu espères que tout redeviendra normal quand tu daigneras refaire surface ? Libre à toi ! Si c'est ça ton sens des responsabilités, à ta place je n'en serais pas fière !

Tania se leva, toujours sans regarder Bella et s'avança vers Jarod. Elle s'arrêta devant lui et tout en fixant les prunelles bleues, prit sa main libre dans la sienne. Elle ne voulait pas que les autres puissent l'entendre aussi murmura t-elle uniquement pour Jarod :

- Je te demande pardon …

Elle dirigea ses pensées vers lui et espéra qu'il était en capacité de les entendre :

« J'ai beaucoup de mal à l'admettre … mais tu as raison. La position dans laquelle nous t'avons mis ce soir est inadmissible. Et c'est vrai, j'ai eu tort de t'en demander autant. Je ne saurais t'exprimer ce que je ressens immédiatement mais je dois avouer que te voir dans cet état par ma faute et te sentir aussi en colère contre moi est quelque chose que je n'apprécies pas. »

La mangemort s'agenouilla devant Jarod et serra la main du rebelle un peu plus fort. Elle voulait lui faire comprendre qu'elle se mettait délibérément en position de vulnérabilité face à lui, prête à recevoir son courroux. Elle n'avait pas fini de lui parler aussi reprit-elle par le même biais :

« Aldaron a probablement raison. Je ne sème que la désolation … et ce que je vais te dire n'est pas une tentative d'excuse mais juste une explication. Je me suis laissée aveuglée par quelque chose de peu honorable et j'ai eu peur. Tu as pris trop de place, trop vite dans ma vie pour que j'ai le temps de m'y faire. Et voilà que j'ai l'impression de te perdre. Comment pouvais-je comprendre que malgré tout, tu n'allais pas m'abandonner ni te servir de moi ? Tu n'es peut être qu'un homme … mais n'oublie pas que je ne suis qu'une femme … et si toi tu sais comment te contrôler, c'est tout à ton honneur. Seulement, tu dois reconnaître que tout le monde ne possède pas cette sagesse ! »

Tania réalisa tout à coup qu'elle devait laisser son orgueil de côté et montrer son regret à tous, quitte à paraître peut être ridicule. Elle prit alors la parole à haute voix et prononça des mots qu'elle s'était rarement entendu dire :

- Jarod, je te présente toutes mes excuses. Aldaron a raison, je te dois la vie. Mais ce qu'il ignore c'est que je te dois bien plus encore. Alors je vais revenir sur ce que j'ai dit : je ne pars pas. Et vous, ajouta t-elle en se tournant vers le drow, vous devrez employer la force pour me faire sortir. Vous dites agir pour le bien de Jarod, mais vous n'êtes pas quelqu'un de bon. Vous êtes vous, vous-même, posé la question de savoir pourquoi Jarod me faisait confiance malgré tout ce qu'il savait de moi ? Vous prétendez être la voix de la raison ou même de la justice ! Mais vous êtes de parti pris ! Alors jetez-moi dehors si tel est votre souhait, mais ayez quand même la décence de demander avant au principal intéressé ce qu'il en pense.

Tania se pencha alors sur Jarod et déposa un baiser sur sa joue :

- Tu as su t'arrêter quand je te l'ai demandé, je ferais donc de même. Si tu arrives à me pardonner et que tu veux reprendre ce que j'ai certainement gâché, alors je prendrais ce que tu voudras bien me donner. Et si ça ne tient qu'à moi, alors je reste là et j'attendrais que tu ailles assez bien pour ne plus m'inquiéter. Je ne peux probablement rien faire mais j'ai l'espoir puéril que ma présence puisse t'apporter du réconfort. Si tu veux encore de moi, alors je suis là …

Tania espérait qu'il n'allait pas rire de son audace. Elle ne savait pas quoi lui dire de plus. Elle avait voulu le pousser quelque part où il ne pouvait pas aller et cela avait eu de telles répercussions qu'elle ne pourrait peut être jamais le regarder à nouveau sans honte. Il ne tenait désormais qu'à lui de définir la suite des évènements.

Jarod écouta attentivement ce qu'elles avaient à dire. Les deux jeunes femmes étaient tellement différentes, presque comme le jour et la nuit. Il ne fallait pas être legilimens pour ressentir l'hostilité qui régnait entre elles, et peut-être une haine qui était née de leur inimitié. Même s'il aurait voulu se persuader du contraire, il savait qu'il était en partie responsable de la tension entre les deux femmes, ne serait-ce qu'en tant que facteur aggravant.

Elles venaient de parler avec leurs cœurs et le jeune Goldsmith aurait voulu être capable de répondre avec autant de détermination mais ses forces lui manquaient. La potion suffisait à peine à le calmer et il sentait toujours la magie bouillir en lui. Il avait chaud, tellement chaud... comme s'il cuisait à petit feu de l'intérieur.

Toujours assis dans le fauteuil, il déboutonna les premiers boutons de sa chemise, révélant le début d'une cicatrice sur la partie de son torse. Il sentait que son esprit commençait déjà à s'embrouiller et il ne tarderait pas à sombrer dans un sommeil qu'il espérait réparateur.

- Je... je pense qu'il serait malavisé de ma part de prendre ce genre de décisions maintenant. Nous en reparlerons demain... peut-être séparément de préférence... La journée a été rude, très rude et je me sens... fatigué. Je crois que je n'avais pas été aussi fatigué depuis longtemps... peut-être même depuis ce fameux jour mais... je suis content...

Il se sentait peu à peu se détacher de la réalité mais il réussit à focaliser encore un moment son attention sur les deux jeunes femmes, leur adressant un léger sourire triste mais c'étaient ses yeux, d'un bleu étincelant malgré la fatigue, qui exprimaient le plus d'émotions.

- Vous êtes sauves... toutes les deux... Je ne suis pas arrivé trop tard... vous êtes vivantes... je... je n'ai pas failli cette fois... je n'ai pas... failli...

Ces paroles étaient de plus en plus incohérentes mais l'émotion subsista jusqu'à ce que ses paupières se ferment doucement, Une larme s'écoula alors le long de sa joue diaphane alors qu'il tombait dans un sommeil profond.

Qui aurait pu dire que cet homme au visage si doux et d'apparence si paisible était en réalité un sorcier tourmenté par son passé et ses démons intérieurs, dont la seule puissance avait suffit à soumettre les détraqueurs ?


Le prince des elfes noirs sortit de l'ombre, adressant au rebelle un regard brillant, si brillant qu'on aurait pu croire que c'était des larmes qui brillaient dans ses yeux sombres. Se détournant toutefois des deux jeunes femmes, il s'avança vers la porte et déclara d'une voix neutre.

- Winry va arriver dans quelques instants pour vous montrer vos chambres, si vous désirez rester. Je pense que tel est le souhait de Jarod, il vous appartient de le suivre ou non.

Et il quitta la pièce, laissant les deux sorcières seules avec le rebelle endormi.